
Les femmes occupent d’importants rôles à Winnipeg depuis la création de la Ville, il y a 150 ans. Toutefois, leurs contributions n’ont pas toujours été reconnues.
Les femmes ont parfois été complètement exclues des affaires municipales ou ont été injustement traitées dans leur milieu de travail.
« Les femmes ont affronté de nombreux défis depuis la constitution de la Ville de Winnipeg en 1873. En dépit des difficultés, elles ont énormément contribué à la ville, à titre de figures de proue et de bâtisseuses de la communauté », explique Sarah Ramsden, archiviste principale à la Ville de Winnipeg.
À l’occasion de la Journée internationale des femmes, jetons un coup d’œil à l’histoire pour voir comment les femmes ont obtenu le droit de voter, de se présenter aux élections et de travailler pour la Ville.
Le droit de vote
En 1884, 10 ans après la création de la Ville de Winnipeg, le conseil municipal prend en considération une lettre suggérant d’accorder le droit de vote aux femmes qui répondent à toutes les qualifications.
Cette lettre fait suite au débat national en cours concernant le droit de vote des femmes.
L’administration de l’époque délaisse la question, mais trois ans plus tard, les femmes qui possèdent des propriétés à Winnipeg obtiennent le droit de voter aux élections municipales.

Quatre cent soixante-seize femmes sont admissibles à voter aux élections municipales de 1888, ce que font quatre-vingts d’entre elles. Ce droit est brièvement limité en 1906, lorsqu’une modification apportée à la Loi sur les municipalités change la formulation utilisée pour faire référence aux électeurs qualifiés. On les désigne comme étant « des hommes, des femmes célibataires ou des veuves » plutôt que comme « des personnes de sexe masculin ou féminin ».
La modification de 1906 est abrogée en 1907 et toutes les femmes qualifiées retrouvent le droit de voter aux élections municipales.
Ces gains, bien qu’importants, restent insuffisants, car les conditions en lien avec la propriété continuent d’exclure de nombreuses personnes du vote aux élections municipales. À Winnipeg, le droit de vote aux élections municipales est accordé en 1942 à toutes les citoyennes et à tous les citoyens d’âge adulte.
Les femmes titulaires d’une charge publique
À Winnipeg, bien que les femmes votent pour la première fois à l’élection municipale de 1888, elles doivent attendre jusqu’en 1916 pour exercer une charge publique.
La première femme candidate aux élections du conseil municipal est Alice A. Holling. Elle se présente dans le quartier 7 en 1917, mais ne remporte pas la victoire, le résultat étant de 693 voix contre 358.

La première femme élue au conseil municipal est Jessie Kirk. Elle se présente dans le quartier 2 en décembre 1920 et effectue un mandat de deux ans. Elle se représente en 1922, 1923, 1926 et 1934, mais est battue chaque fois.
Au fil des ans, les femmes occupent de nombreux postes importants au conseil municipal, à titre de présidentes, de déléguées, etc.
De nombreuses années plus tard, en 1992, Susan A. Thompson est élue comme première mairesse de Winnipeg, ce qui marque un jalon important pour les femmes. Elle est réélue en 1995, et choisit de ne pas se représenter en 1998.

Les effectifs féminins
Aujourd’hui, on trouve des femmes dans tous les services municipaux. Cependant, au moment de la création de Winnipeg, la composition du personnel de la Ville est radicalement différente.
« En examinant les archives, on remarque un changement d’attitude envers les femmes mariées qui travaillent à l'extérieur de la maison », ajoute Mme Ramsden.
Entre 1919 et 1953, le conseil municipal demande à de multiples occasions à l’administration municipale de repérer les postes occupés par des femmes mariées qui ne sont pas entièrement dépendantes de leurs propres revenus.
En fait, en 1924, le conseil municipal adopte une politique visant à exclure les femmes mariées, sauf si elles dépendent de leur emploi pour vivre. Les employées célibataires doivent aussi renoncer à leurs postes une fois mariées.

Malgré cette politique, la présence des femmes sur le marché du travail continue d’augmenter, particulièrement après la Deuxième Guerre mondiale. En 1953, le conseil municipal change officiellement cette politique, mettant ainsi fin aux restrictions concernant l’emploi de femmes mariées.
« Les femmes sont confrontées à des problèmes, même lorsqu’elles ne sont pas exclues des postes municipaux », affirme Sarah Ramsden.
Des années plus tard, soit en 1975, des efforts sont faits pour améliorer la situation des femmes qui travaillent pour la Ville.
Un comité est créé pour se pencher sur la situation des femmes au service de la Ville, pour examiner leurs perspectives de carrière, pour déterminer les inégalités et pour présenter un rapport formulant des recommandations et des directives.
Le comité présente son rapport final en 1977. Ce rapport indique qu’une discrimination est exercée contre les femmes dans le processus d’embauche, que les femmes ont de la difficulté à obtenir une promotion et qu’elles reçoivent moins de formation que leurs collègues de sexe masculin.
Le comité propose de nombreuses recommandations. Il recommande notamment que la Ville offre de meilleures possibilités de formation aux femmes pour favoriser leur avancement professionnel et qu’un comité permanent continue de mettre l’accent sur la progression des droits des femmes.

L’équité et la diversité en milieu de travail
Plus récemment, la Ville a mis en œuvre des initiatives visant à améliorer les expériences vécues par les femmes au travail.
Il y a plus de dix ans, nous avons lancé l’initiative en matière d’équité et de diversité pour favoriser la mise en place et le maintien d’une main-d’œuvre plus diversifiée et équitable.
La Ville a créé un Bureau de l’équité en 2021 afin de voir à l’équité, à la diversité et à l’inclusion au sein de son personnel. Dans une approche intersectionnelle qui reconnaît les expériences vécues par les membres du personnel, le Bureau des pratiques équitables veille à ce que notre personnel soit le reflet des communautés que nous servons.
Le Bureau de l’équité utilise un questionnaire d’autodéclaration pour mieux comprendre les expériences particulières vécues par diverses femmes au travail. Notre tableau de bord de la diversité fournit des données visant à faciliter le suivi et la reddition de comptes en matière de représentation de la diversité à la Ville.
Bien que de nombreuses restrictions et barrières auxquelles les femmes sont confrontées aient été abordées au fil des années, la progression vers l’égalité se poursuit. Alors que nous continuons d’avancer, nous pouvons nous tourner vers le passé afin d’analyser le contexte et de trouver de l’inspiration.