Ce qui suit n’est qu’un aperçu de l’histoire de Winnipeg. Il n’est en aucun cas exhaustif. Si vous souhaitez en savoir plus, nous vous recommandons d’explorer le vaste éventail de sources qui sont à votre disposition, comme les récits oraux, les livres, les archives, les musées, pour n’en nommer que quelques-unes.
Winnipeg a été fondé au confluent des rivières Rouge et Assiniboine, près du centre géographique de l’Amérique du Nord. La ville est depuis longtemps un lieu communautaire et de rassemblement important, ainsi qu’un pôle commercial, culturel et de transport. C’est la plus grande ville du Manitoba, et sa capitale.
« Winnipeg » est un nom cri qui désigne le lac situé à 65 kilomètres au nord de la ville. « Win » signifie « boueux » et « nipi », « eau ». Ce nom est parfois traduit par « eaux troubles ».
Un territoire autochtone
Winnipeg est situé sur le territoire visé par le Traité no 1, le berceau et territoire traditionnel des peuples anishinaabe (ojibwé), ininew (cri) et dakota, et sur les terres ancestrales nationales des Métis de la rivière Rouge. De nombreux peuples autochtones ont élu domicile à Winnipeg, y compris les Inuits du nord et différents peuples autochtones des territoires de l’Île de la Tortue. La Ville de Winnipeg reconnaît l’importance des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans la fondation de notre ville. Chacun a apporté sa culture, ses valeurs et sa vision, et ces contributions continuent de jouer un rôle important dans la construction de notre avenir commun.
Pendant des milliers d’années, les peuples autochtones ont vécu et prospéré sur ce territoire. Ils ont formé des nations liées par des langues, des coutumes, des traditions, des lois et des histoires qui leur sont propres. Les premiers peuples de ce territoire ont construit des installations et des économies reposant sur la chasse, la pêche, l’agriculture et le commerce. L’histoire orale et les preuves archéologiques montrent que La Fourche, le site où les rivières Rouge et Assiniboine se rejoignent, est un lieu de rencontre important pour les peuples autochtones depuis au moins 6 000 ans. En reconnaissance de cette histoire, La Fourche a été désignée comme lieu historique national du Canada en 1974. L’arrivée des colons a entraîné l’établissement de traités et de relations fondées sur ces traités. Ces relations se poursuivent encore aujourd’hui, en dépit du fait que les colons n’ont pas tenu compte du fait que les traités avaient été conclus dans l’intention de partager le territoire et les ressources.
Ce territoire et la vaste région de la vallée de la rivière Rouge ont également vu naître la nation métisse de la rivière Rouge. Comme l’explique la Fédération Métisse du Manitoba, le gouvernement national des Métis de la rivière Rouge, les Métis de la rivière Rouge sont des citoyens métis qui se définissent par une ascendance, une identité, une culture, et une histoire communes. Les Métis de la rivière Rouge ont créé leur propre langue, le michif, ont été actifs dans le commerce des fourrures et ont pratiqué l’agriculture sur des lots riverains dans la vallée de la rivière Rouge. Ils ont inventé et utilisé un attelage caractéristique, la charrette de la rivière Rouge, pour transporter leurs marchandises à travers le Nord-Ouest, sur des pistes qui sont devenues des rues de Winnipeg, comme la rue Main, l’avenue Portage et le chemin Pembina.
La colonisation de la rivière Rouge
À l’époque de la traite des fourrures, La Fourche était une plaque tournante du commerce et de la colonisation. Les compagnies de traite des fourrures construisirent plusieurs forts dans la région à partir de 1738. Il s’agit notamment du fort Rouge, du fort Gibraltar, du fort Douglas et du fort Garry. Au tournant du XIXe siècle, la Compagnie de la Baie d’Hudson a voulu renforcer son emprise sur le territoire. Elle accorda à Thomas Douglas, comte de Selkirk, une grande étendue de terre pour créer la colonie de la rivière Rouge. En 1812, des colons agriculteurs écossais, connus sous le nom de colons de Selkirk, commencèrent à arriver à la rivière Rouge. Les tensions entre la Compagnie de la Baie d’Hudson et sa rivale, la Compagnie du Nord-Ouest, se sont alors aggravées. Et pour cause, la Compagnie du Nord-Ouest était déjà présente dans la région. Le conflit atteignit son paroxysme en 1816 lors de la bataille de Seven Oaks, également connue sous le nom de Victoire de la Grenouillère. La Compagnie du Nord-Ouest, dirigée par Cuthbert Grant, défendit avec succès les droits des Métis lors de cette bataille, ce qui en fait un moment important de l’histoire des Métis.
Les deux compagnies de traite des fourrures mirent fin à leur conflit en 1821 lorsqu’elles fusionnèrent pour former la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le Conseil d’Assiniboia a été créé à l’époque pour faire respecter la loi et l’ordre dans la colonie de la rivière Rouge et ses environs. Les chefs de la communauté locale, qui étaient principalement des Métis, géraient la plupart des affaires et des activités de la région. Lorsque le Canada acheta à la Compagnie de la Baie d’Hudson la vaste région connue sous le nom de Terre de Rupert et Territoire du Nord-Ouest sans consulter les Métis et les autres résidents, la tentative de transfert des terres fut interrompue par la Résistance de la rivière Rouge en 1869-1870. Les dirigeants de la Résistance, notamment Louis Riel, ont joué un rôle déterminant dans la création de la province du Manitoba en 1870. Ils ont également contribué à définir les conditions d’intégration de la région au Canada.
La Porte de l’Ouest : « Commerce, prudence et industrie »
En 1862, plusieurs magasins émergèrent de la colonie de la rivière Rouge dans le village de Winnipeg, qui n’était pas encore constitué en municipalité. Plus d’une décennie plus tard, le 8 novembre 1873, l’Assemblée législative adoptait une loi pour constituer la ville de Winnipeg en municipalité, intitulée An Act to Incorporate the City of Winnipeg, qui allait officialiser l’existence de la ville et son nom. La première élection eut lieu l’année suivante, le 5 janvier 1874. La première réunion du conseil municipal se tint plus tard dans le mois, le 19 janvier 1874. C’est la raison pour laquelle la Ville commémore 1874 comme son année de fondation.
Au moment de sa constitution, Winnipeg s’étendait sur environ cinq kilomètres carrés. Les limites sud et est de la ville étaient marquées par les rivières Rouge et Assiniboine. La rue Maryland, l’avenue Notre-Dame et la rue McPhillips actuelles marquent ses limites ouest, tandis que l’avenue Burrows, à l’ouest de la rue Main, et l’avenue Aberdeen, à l’est de la rue Main, définissent ses limites nord. Des agrandissements importants ont été apportés en 1875, 1882, 1906, 1962 et 1972.
Le premier blason et la première devise de la Ville de Winnipeg
Le premier conseil municipal de Winnipeg adopta le blason original de la Ville et la devise : « Commerce, prudence, industrie ». Le blason comprend une locomotive, pour représenter l’arrivée du chemin de fer, et des gerbes de blé pour symboliser l’agriculture et le statut de Winnipeg en tant que porte d’entrée de l’Ouest. Le blason montre également un bison, symbole fort des prairies, regardant vers l’ouest et indiquant le « progrès » vers l’ouest.
Une croissance rapide
Les dirigeants de la Ville de l’époque étaient déterminés à faire de Winnipeg « la Chicago du Nord ». En 1878, une ligne de chemin de fer parvint à atteindre l’autre côté de la rivière depuis Winnipeg. Le 1er juillet 1886, le premier train du Canadien Pacifique arrivait en ville. L’industrie céréalière de l’Ouest a pu s’appuyer sur les chemins de fer, ce qui a entraîné une augmentation des flux migratoires vers la région et une période de croissance rapide. En 1874, les évaluateurs de la Ville estimaient la population à seulement 1 869 habitants. En 1924, Winnipeg comptait 194 850 habitants.
Cette période de croissance rapide n’a pas profité à tout le monde de la même manière. De nombreux peuples autochtones furent déplacés. La constitution de la Ville est étroitement liée à la terreur qui s’abattit sur les Métis de la rivière Rouge. De nombreux Métis furent contraints de quitter leurs terres et de dissimuler leur identité, craignant pour leur vie. Certaines familles métisses ont établi des communautés d’allocation routière, comme Rooster Town, à la périphérie de Winnipeg. La Loi sur les Indiens et le système de laissez-passer cantonnèrent les membres des Premières Nations ayant un statut dans les réserves. De nombreux autochtones se rendirent ou furent envoyés à Winnipeg pour y recevoir des soins de santé ou y être scolarisés dans des établissements comme le Pensionnat autochtone d’Assiniboia, dans le quartier de River Heights. La croissance de Winnipeg eut également des répercussions sur les communautés des Premières Nations situées à l’extérieur de la ville, comme la Première nation de Shoal Lake 40. Ses membres subirent des préjudices lorsque Winnipeg choisit le lac Shoal comme source d’eau et construisit son aqueduc, entre 1914 et 1919. De plus, l’intensification des divisions sociales, économiques et de classe au sein de la ville conduisit les travailleurs à déclencher la grève générale de Winnipeg en 1919.
L’inondation de 1950
L’agrandissement de l’agglomération et l’augmentation de sa population signifiaient que les inondations, naturelles dans la région, risquaient de causer davantage de dégâts. C’est ce qui se produisit lors de l’inondation de 1950, une crue particulièrement importante qui entraîna l’évacuation d’environ 100 000 personnes. La construction du canal de dérivation de la rivière Rouge entre 1962 et 1968 est en grande partie une réaction à cette catastrophe.
L’Unicité : « Un par la force de tous »
Dans les années 1960, la Ville de Winnipeg était l’une des 13 municipalités de la région du Grand Winnipeg. La Corporation métropolitaine du Grand Winnipeg (également connue sous le nom de Métro) a été créée pour coordonner les services et la planification des administrations locales (1960-1971). En 1972, les municipalités ont fusionné, créant ainsi la ville unifiée de Winnipeg. Les municipalités étaient les suivantes :
- Ville de East Kildonan
- Ville de Saint-Boniface
- Ville de St. James-Assiniboia
- Ville de Saint-Vital
- Ville de Transcona
- Ville de West Kildonan
- Ville de Winnipeg
- Ville de Tuxedo
- Municipalité rurale de Charleswood
- Municipalité rurale de Fort Garry
- Municipalité rurale de North Kildonan
- Municipalité rurale d'Old Kildonan
- Corporation métropolitaine du Grand Winnipeg
Le nouveau conseil municipal unifié était composé de 50 conseillers, un pour chacun des 50 quartiers, et d’un maire élu par l’ensemble des habitants de la ville. En 1977, une nouvelle législation a réduit le nombre de quartiers à 29. D’autres réductions ont eu lieu en 1989, 1991 et 1992. La charte actuelle de la Ville de Winnipeg a été adoptée par la législature manitobaine en 2003, qui a apporté de nouvelles modifications à la structure de l’administration municipale.
Un nouveau blason et une nouvelle devise
En 1973, le conseil municipal a adopté un nouveau blason pour Winnipeg et une nouvelle devise, « UNUM CUM VIRTUTE MULTORUM », qui signifie en latin « Un par la force de tous ». Le blason actuel est orné de 13 étoiles d’or, qui symbolisent les 13 administrations municipales, dont Métro, qui ont été unifiées, et de la porte du fort Garry, qui évoque le patrimoine de la région. Le fond bleu évoque le ciel bleu clair de Winnipeg. Sous le ciel, une pulsatille multifide sur un champ vert uni représente l’emplacement de Winnipeg dans les prairies.
Winnipeg aujourd’hui
Winnipeg abrite aujourd’hui une vie artistique et culturelle florissante. Des organisations artistiques telles que le Royal Winnipeg Ballet (fondé en 1939), l’Orchestre symphonique de Winnipeg (fondé en 1947) et le Royal Manitoba Theatre Centre (fondé en 1970) y sont établies. De nombreux festivals se sont implantés au fil des ans, notamment le Festival du Voyageur (depuis 1969), Folklorama (depuis 1970), le Festival folk de Winnipeg (depuis 1974), le Winnipeg Fringe Theatre Festival (depuis 1988) et le Festival international de jazz de Winnipeg (depuis 1989). Avec ses galeries, bibliothèques, archives, musées et autres sites tels que le Musée des beaux-arts de Winnipeg et Qaumajuq, le Musée du Manitoba, le Musée canadien pour les droits de la personne, le Centre national pour la vérité et la réconciliation, les Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson et La Fourche, Winnipeg continue de s’imposer comme un lieu de rencontre, de dialogue et d’apprentissage.
Aujourd’hui, Winnipeg demeure un important pôle commercial, culturel et des transports. C’est une ville multiculturelle, riche de la diversité des gens venus du monde entier pour y élire domicile. Winnipeg compte actuellement la plus grande population autochtone du Canada. Grâce à ses dirigeants communautaires et à ses partenariats, la ville est un haut lieu de réconciliation. L’Entente relative aux Autochtones de Winnipeg, le Centre national du patrimoine des Métis de la rivière Rouge, Naawi-Oodena, le Centre Agowiidiwinan et Wehwehneh Bahgahkinahgohn comptent parmi les nombreuses initiatives qui font progresser les revendications et la réconciliation autochtones à Winnipeg.
La vision d’une ville unie continue de nous animer. C’est une chose que tous les habitants et toutes les communautés de Winnipeg doivent accomplir de concert, dans un esprit de réconciliation et avec l’espoir d’un avenir commun.